Croyances et neurosciences, tout savoir sur la méditation (2/3)
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Croyances et neurosciences, tout savoir sur la méditation (3/3)

mediter-3-2Dernier opus de la série d’articles consacrée à la Méditation : Carine Anselme prolonge ici sur les bienfaits de la méditation sur les maux de l’âme et du corps et nous propose de nous ouvrir au concept d’équanimité. Je vous rappelle que vous pouvez retrouvez cet article dans le numéro de septembre du magazine Néosanté. Enfin, si vous avez raté le début, retrouvez ici la partie 1 et la partie 2 !

(…)« De nombreux individus souffrant de douleurs arthritiques déclarèrent ne plus ressentir de douleur pour la première fois depuis des années », partage-t-il. Comment est-ce possible ?

Joe Dispenza pointe que les processus épigénétiques étaient probablement à l’œuvre… Le changement d’attitude provoqué, entre autres, par l’état de conscience spécifique à la méditation, entraînerait une modification de la chimie corporelle, modifiant l’état interne, permettant dès lors à l’individu d’activer de nouveaux gènes d’une manière entièrement inédite : « En fait, l’individu régulerait à la baisse (ou diminué) les gènes qui causaient la maladie et à la hausse (augmenté) les gènes responsables de son rétablissement. » Deux études importantes, sur les effets de la méditation sur la génétique, menées par des chercheurs de l’Institut Benson-Henry pour la promotion de médecine corps-esprit à l’Hôpital général du Massachussets à Boston, viennent d’appuyer ces constatations.

mediter-3-1Dans la première étude, menée en 2008, 20 volontaires ont été formés durant huit semaines à différentes pratiques corps-esprit (incluant divers types de méditation, du yoga…), censées induire une réaction de relaxation et un état physiologique de profond repos. Les chercheurs suivirent également 19 personnes chevronnées qui pratiquaient quotidiennement, et sur une longue période, les mêmes techniques. Au terme de l’étude, les praticiens novices expérimentèrent un changement manifeste dans 1561 gènes (874 régulés à la hausse pour favoriser la santé et 687 régulés à la baisse pour réduire le stress), ainsi qu’une réduction de la pression artérielle, du rythme cardiaque et du rythme respiratoire, tandis que les praticiens expérimentés avaient exprimé 2209 nouveaux gènes. La plupart des modifications génétiques constatées permettaient d’améliorer la réponse corporelle au stress psychologique chroniques.

La deuxième étude, menée en 2013, démontra que le fait de susciter une réaction de relaxation produit des changements dans l’expression génétique, et ce, après seulement une seule (!) séance de méditation, un constat valable chez les novices comme chez les praticiens expérimentés (bien que ces derniers en aient retiré plus d’avantages). Les gènes qui sont régulés à la hausse concernent tous ceux qui sont impliqués dans la fonction immunitaire, dans le métabolisme énergétique et dans sécrétion d’insuline, alors que les gènes qui sont régulés à la baisse concernent tous ceux qui sont associés à l’inflammation et au stress. « Ces études illustrent bien le fait qu’il est possible de modifier rapidement vos propres gènes. C’est la raison pour laquelle la réponse placebo peut produire des transformations physiques en quelques instants. Dans les ateliers que j’anime partout dans le monde, mes collègues et moi avons été témoins de changements immédiats et significatifs survenus dans la santé de nos participants après une seule séance de méditation. Ces derniers sont parvenus à se transformer et à activer de nouveaux gènes d’une nouvelle manière, par le seul pouvoir de la pensée », note enfin Joe Dispenza.

La méditation m’a sauvé par Phakyab Rinpoche et Sofia Stril-ReverLe lama tibétain Phakyab Rinpoché a, lui aussi, vécu dans sa chair, le potentiel de guérison de l’esprit. Grand méditant, arrêté, torturé et contraint à l’exil par le pouvoir militaire chinois, il a été sauvé d’amputation par la méditation, comme l’atteste le titre de son livre (La méditation m’a sauvé). Souffrant de gangrène, les os, le cartilage, les tissus de son pied droit étaient en train de se décomposer, et il souffrait en sus d’une pleurésie et d’une tuberculose osseuse, conséquences des tortures subies. Il ne se résout pourtant pas à l’amputation prévue par les médecins, « obstacles à la circulation des énergies du corps ». S’en référant au Dalaï-Lama, celui-ci lui atteste qu’il a en lui la sagesse qui guérit… S’ensuit une longue retraite de méditation, yoga, visualisation, travail sur les énergies subtiles et sur le souffle (pour expirer les toxines) et autres rituels spirituels (mantras, offrandes, prières). Cinq ans plus tard, il remarche. Et l’astragale, l’os de la cheville, est reconstitué. C’est la première fois dans l’histoire médicale et celles des miracles recensés par l’Église qu’une repousse osseuse a lieu.

S’OUVRIR À L’ÉQUANIMITÉ

L’égalité d’humeur est loin d’être accessoire dans l’inventaire des bienfaits de la méditation. Elle campe au cœur de l’équilibre émotionnel provoqué par une pratique méditative régulière – équilibre dont on sait qu’il est essentiel dans la santé du corps, du cœur et de l’esprit. L’étymologie d’un mot révèle parfois son sens caché… Le mot « méditation » vient du verbe latin meditor, proche du grec medos qui signifie « la pensée », aussi apparenté à medeor, « prendre soin de… ». Et si méditer c’était donc prendre soin de nos pensées en installant dans leur espace d’expression la sérénité et le recul nécessaire pour ne pas s’y identifier ?…

Contrairement à certaines idées reçues en ces temps de vogue méditative tous azimuts, méditer n’est pas repeindre la vie en rose, ni s’enfermer dans une tour d’ivoire ni même faire le vide. Entrer dans la profondeur de la présence recherchée par toute méditation, ne peut s’accomplir en rejetant les expériences douloureuses, les inconforts et autres peurs. Ce rejet nous empêcherait de percevoir l’ampleur de notre vie (toute la trame de son étoffe), son potentiel d’évolution, donc d’avancer. « Méditer, ce n’est pas vivre de beaux moments, mais entrer dans le vif de l’existence avec ses hauts et ses bas. Et en ayant une attitude ouverte aussi bien à ce qui est agréable que désagréable, nous donnons naissance à une authentique égalité d’humeur », souligne Fabrice Midal, philosophe passionné par le bouddhisme et auteur de nombreux ouvrages sur la méditation.

En cherchant à simplifier le champ de notre attention par le biais de la méditation, nous apprenons à faire corps (et esprit) avec la réalité, en pleine conscience. « Nous découvrons ainsi une forme d’intelligence qui n’a rien d’intellectuel, qui tient de l’intuition ou de la vue claire d’une situation, poursuit Fabrice Midal. La méditation nous encourage donc à être présent au monde. A ce qui est là, juste à ce qui est là ; pas au virtuel des ruminations, des anticipations, grande source de souffrance.

« Me rendre présent au monde suffit souvent à m’en faire découvrir les aspects merveilleux et à me rendre heureux. Cet acte de présence au monde va aussi me mettre en contact avec ma souffrance que construit notre cerveau. La méditation nous aide à mieux saisir la frontière entre le réel et le virtuel », précise le psychiatre Christophe André, spécialiste des troubles anxieux et dépressifs. Notamment en complément d’une thérapie verbale, la méditation permet donc de trouver en soi un espace de stabilité et de sécurité pour (re)considérer son histoire. Une manière de rejoindre l’œil du cyclone par-delà les conditionnements et tourments de l’existence.

couv-trois-amis-ok2-site-page-entierePour y parvenir, le philosophe Alexandre Jollien pratique un exercice qui l’aide considérablement : il s’agit de voir que la conscience qui fait l’expérience de la peur, de l’angoisse ou du chagrin n’est jamais atteinte. « Il existe en l’homme, en la femme, une part qui reste indemne. Aucun traumatisme ne peut la troubler. On pourrait alors comparer la conscience à une espèce d’énorme marmite. A l’intérieur, il y a de tout : des pois chiches, des laitues, des carottes qui nous rendent de bonne humeur et des oignons qui nous arrachent des larmes. Dans le malheur, l’ego se borne à mastiquer les oignons sans savourer le reste. Considérer la conscience comme une marmite permet de laisser passer les émotions sans se réduire à la colère, à la peine, qui ne sont des ingrédients parmi tant d’autres », conseille-t-il dans Trois amis en quête de sagesse.

« Sans méditation, on est comme aveugle dans un monde d’une grande beauté, plein de lumières et de couleurs », clamait Krishnamurti. Alors, ouvrez grand les yeux de l’âme… et méditez pour éclore à la joie. Une joie sans contraire, ni contraintes. Une marmite céleste !

 

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