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Luis Fernandez, le monsieur Jourdain de la préparation mentale ?

LUIS FERNANDEZA la manière de Mr. Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, Luis Fernandez faisait-il de la préparation mentale sans en avoir conscience ? Dans Luis, biographie parue récemment chez Hugo Sport, tout nous amène à penser que le footballeur réputé impétueux savait mieux que quiconque exprimer ses émotions pour mieux gérer les moments cruciaux. Explications.

International aux 60 sélections et premier entraîneur à remporter une coupe d’Europe avec un club français,  Luis Fernandez trimbale, malgré lui, l’image d’un homme impulsif et hors système. Si bien qu’il fut aisé pour ses détracteurs de le cantonner à cette image d’Épinal plus proche du raccourci-clavier que de l’analyse objective de l’homme et de son histoire.

Quel rapport avec la sophrologie, la relaxation et la méditation me direz-vous ?

Je me souviens d’un cours sur les émotions lors de ma formation de sophrologue à l’ESSA. J’y ai retenu une chose : « Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises émotions. Une émotion devient un problème lorsqu’elle n’est pas exprimée ».

Or à la lecture du livre, l’auteur revient souvent sur son caractère volcanique et honnête. Il y transpire la sincérité envers lui-même et naturellement envers le monde qui l’entoure. Comme si accepter ses émotions lui donnait le sésame pour une activité sportive et privée apaisée.

Ouvrons le livre à la page 141 et plongeons-nous dans une des séances de penaltys les plus épiques du football français et mondial. Nous sommes au Mexique en 1986 et la France affronte le Brésil en quart de finale de coupe du Monde. Ce qui se donne à lire est si proche de la sophrologie que j’aime à penser que ce Luis là est bien plus riche et complexe que certaines de ses sorties verbales :

« J’ai vite senti tous les regards se diriger vers moi. 3-3, la balle de match m’attendait. A moi d’entrer en action.

J’ai repoussé leur impatience : « Attendez, doucement, ne vous énervez pas ! ». J’étais relâché et, en même temps, « très chaud ». A part les quinze premières minutes pendant lesquelles j’avais bu le bouillon, je m’étais donné à fond. Mais j’avais encore des forces. Et question mental, j’étais au top.

Je me suis dit : Tranquille, tranquille ! Marche doucement… Je n’avais pas la pression : si Julio Cesar avait marqué, j’aurais été obligé de marquer, moi aussi. Mais là, le scénario n’était plus le même. Je me suis fait mon film : Tu tires, tu loupes, la série continue. Tu tires, tu marques, tout devient fantastique. Dans le rond central, ils m’ont alpagué : « Luis, Luis, ne déconne pas ! Plante-le, plante-le ! » Je leur ai répondu un : « Ne vous inquiétez pas, tranquille, tranquille ! » qui voulait tout dire. Et au passage, j’ai entendu les mots de Michel (Platini) : « Marque-le-moi! », comme un message qui m’a accompagné pendant la bonne trentaine de secondes qu’il m’a fallu pour atteindre le point de penalty. » (…)

En marchant, j’ai regardé fixement, dans le vide. Je ne voulais pas croiser le regard de mon adversaire. Parfois, le gardien cherche à te déstabiliser en venant te parler ou te provoquer. Je ne lui ai donné aucune prise. J’étais déterminé. Je savais ce que j’allais faire, et comment j’allais le faire. Après chaque pas qui me rapprochait du but, je me répétais : Détends-toi, Luis, détends-toi! Calme, calme, avance doucement… Aucun stress, aucune angoisse, aucun doute. J’étais décontracté. (…)

Quand j’ai expédié le ballon sur la droite du gardien, dans le petit filet, sans qu’il puisse esquisser le moindre geste, une joie indescriptible s’est emparée de moi. »

Voilà donc l’un des récits de ce livre singulier qui nous rappelle une fois encore qu’il fait bon de dépasser nos a priori sur les hommes et leurs attitudes.

A bientôt pour de nouveau récits sportifs !

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